Catherine TOURETTE-TURGIS

 

Catherine Tourette-Turgis est maître de conférence à l’université de Rouen en science de l’éducation. Elle est une des représentantes actuelles du counseling en France.

Voici un court extrait de son   Que sais-je ? Le counseling. Théorie et pratique. 1996. (Livre épuisé et non réédité.)

Un extrait des pages 24 et 25.

II. — Définition

Dans la culture anglo-saxonne, le terme de « counseling » est utilisé pour désigner un ensemble de pratiques aussi diverses que celles qui consistent à orienter, aider, informer, soutenir, traiter. H. B. et A. C. English définissent le counseling comme «une relation dans laquelle une personne tente d'aider une autre à comprendre et à résoudre des problèmes auxquels elle doit faire face »'.
Il existe de nombreuses définitions du counseling d'autant plus que, comme nous le verrons, il existe aussi de nombreux courants de pensée dans ce domaine. Mais toutes les définitions insistent sur les aspects suivants :
  • le counseling est un processus qui nécessite une certaine durée même si celle-ci est brève. Il se déroule sur plusieurs séquences et ne peut être réduit à une intervention unique ;
  • il a des effets, notamment le changement ou l'amélioration de l'état psychologique du client ;
  • il ne se réduit pas à une relation duelle mais peut être étendu aux groupes.
  • En France, le terme anglo-saxon « counseling » dérange et constitue un obstacle à sa définition, d'autant que sa traduction en français par « conseil » appelle d'autres connotations et fait disparaître l'importance attribuée à la désignation de l'action marquée dans la langue anglaise par le suffixe ing. Par ailleurs, la transversalité de la démarche gêne le public français plutôt usager d'un point de vue classificatoire, mono disciplinaire et mono référentiel. Alors que chez les Anglo-Saxons le counseling s'apparente à une démarche thérapeutique, pour les Français, notamment pour les freudo-lacaniens, le counseling n'est en rien assimilable à une démarche thérapeutique, celle-ci requérant une durée conséquente si ce n'est longue,où le counseling, obéissant à la fonction sociale qui le caractérise également, s'en tient à une intervention brève. Mais il n'en demeure pas moins que le counseling constitue une approche explicitement clinique notamment par l'écoute qu'elle suppose et mobilise. A ce titre, il subsiste des liens de parenté entre certains aspects présents dans la relation thérapeutique et dans le counseling.
  • Selon nous, le counseling est une forme de « psychologie situationniste » : c'est la situation qui est cause du symptôme et non l'inverse. En ce sens, le counseling, forme d'accompagnement psychologique et social, désigne une situation dans laquelle deux personnes entrent en relation, l'une faisant explicitement appel à l'autre en lui exprimant une demande aux fins de traiter, résoudre, assumer un ou des problèmes qui la concernent. De notre avis, l'expression « accompagnement psychologique» serait insuffisante dans la mesure où les champs d'application du counseling, auxquels nous consacrons tout un chapitre, désignent souvent des réalités sociales productrices à elles seules chez les individus d'un ensemble de troubles ou de difficultés.
1. H. B. et A. C. English, A comprehensive dictionary psychological and psychoanalytical ternis, New York, Éd. David Mac Kay & Co., Inc., 1958, p. 127.